Téléthon : Pour la recherche sur les maladies génétiques

Chaque année depuis 1958, le Téléthon revient et donne un nouveau souffle  à la recherche. En effet, en plus d’aider les malades dans leur quotidien, l’association AFM-Téléthon permet de financer de nombreux projets de recherche sur les myopathies et les maladies rares. L’occasion de vous en dire un peu plus sur les avancées scientifiques dans ce domaine.

Qui dit génétique…

Vous avez surement déjà entendu parlé de la myopathie de Duchenne. Cette maladie est due à une anomalie génétique qui touche le chromosome X. Les personnes ayant cette anomalie ne produisent pas de dystrophine, une protéine indispensable au bon fonctionnement des muscles. Résultat : une faiblesse musculaire dès l’enfance.

Vous avez peut-être remarqué que cette maladie ne touche que les garçons ? L’explication est bien sûr génétique… l’anomalie touche le chromosome X, les garçons (XY) ont un seul chromosome X donc aucune possibilité de combler le défaut. En revanche, les filles (XX) peuvent toujours utiliser la dystrophine produite par leur autre chromosome X. Il est en effet peu probable que les deux chromosomes X soient touchés. Par contre, les femmes porteuses d’un chromosome X touché par l’anomalie, bien que ne développant pas de symptômes, peuvent le transmettre à leurs enfants.

…Dit thérapie génique

Il faut savoir que le Téléthon a justement été créé pour la myopathie de Duchenne en 1958. Depuis, cela a porté ses fruits et de nombreux essais sont en cours (15 en France).

Plusieurs stratégies existent mais la plus radicale est de totalement remplacer le gène défectueux. Comment ? Les chercheurs font appels aux aptitudes des virus, capables de s’introduire dans les cellules du corps humain et parfois dans leur génome. A des fins thérapeutiques, c’est un virus totalement inoffensif qui est utilisé. On parle d’ailleurs de vecteur viral car le virus est seulement un transporteur. Il suffit donc d’insérer le gène dans ce transporteur qui se chargera de l’acheminer jusqu’aux cellules défectueuses pour remplacer le gène manquant !

Réparer plutôt que remplacer

D’autres stratégies thérapeutiques consistent à proposer des médicaments qui vont venir réparer le gène défectueux plutôt que de le remplacer (ataluren et golodirsen par exemple). Il faut dans ce cas déterminer les raisons de l’anomalie. Eh bien oui, cela aurait été beaucoup trop simple si toutes les personnes présentaient la même anomalie… Dans le cas de la myopathie de Duchenne, plusieurs défauts du chromosome X peuvent aboutir au même résultat : l’absence de production de dystrophine.

Dans tous les cas il s’agit d’un problème de lecture du matériel génétique : l’ADN. Cet ADN est d’abord transformé en ARN qui contient les informations nécessaires pour être traduit en une protéine. Un peu comme si notre corps entier était un livre, écrit avec des mots de 3 lettres seulement et chaque phrase correspondrait à une protéine.

Le langage des gènes…

Pour que les informations soient lues correctement, il faut bien délimiter les phrases et que le langage soit compréhensible. Dans la myopathie de Duchenne, deux anomalies majeures existent : les phrases peuvent être tronquées, c’est-à-dire que des points ont été ajoutés en plein milieu de la phrase. La lecture peut être décalée, c’est-à-dire qu’elle commence au milieu d’un mot rendant le propos incompréhensible.

Il faut en effet imaginer que les mots qui constituent notre génome sont seulement de 3 lettres, ni plus ni moins. Prenons cette phrase par exemple : « Tom est ton ami. ». Si on commence à lire à partir du « o » de Tom, la phrase devient « ome stt ona mi. » donc totalement incohérente.

Les médicaments développés sont ainsi capables de remettre tout ça en ordre : ignorer les points aberrants en milieu de phrase ou recaler la cadre de lecture pour rendre le propos compréhensible.

Thérapies innovantes pour guérir des maladies rares

En 2005, l’AFM-Téléthon et l’Inserm ont créé l’institut I-Stem dédié à la recherche sur les cellules souches. Depuis, les chercheurs de cet institut ont réussi à mettre au point des stratégies de thérapies cellulaires. La dernière en date pourrait s’appliquer à une famille de maladies génétiques rares : les rétinites pigmentaires. Ces maladies se caractérisent par la dégénérescence des cellules de la rétine et peuvent donc à terme mener à la cécité.

Les cellules souches ont un potentiel de différenciation extraordinaire et peuvent donner naissance aussi bien à des cellules de foie, de muscle ou encore… de rétine ! Les chercheurs d’I-Stem ont donc créé un patch cellulaire qui devrait permettre de restaurer les cellules de la rétine chez les malades. Des essais cliniques sont prévus pour 2018 en collaboration avec l’Institut de la vision.

 

Cette année ce sont 75.616.180 € qui ont été collectés en 2 jours. Il ne faut pas oublier que AFM-Téléthon est parfois la seule source de financement pour mener des recherches sur des maladies extrêmement rares. Ces recherches sont souvent aussi bénéfiques à d’autres maladies beaucoup moins rares… en une pierre deux coups… l’effort ne doit pas s’arrêter là !

 

 

Généthon, I-Stem et l’Institut de Myologie sont des laboratoires majoritairement financés par l’AFM-Téléthon.

 

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