Comment les ultraviolets influencent tout votre corps

Matsui S et al., Ultraviolet B Irradiation Reduces the Expression of Adiponectin in Ovarial Adipose Tissues through Endocrine Actions of Calcitonin Gene-Related Peptide-Induced Serum Amyloid A, Plos One 2014

L’été, la tentation de flâner au soleil est grande. Attention quand même à votre peau ! Et si vous croyez que ses rayons ne sont là que pour vous faire bronzer, vous vous trompez largement. Les ultraviolets émis par le soleil engendrent un stress des cellules de la peau, les kératinocytes, ce qui favorise le développement du cancer de la peau, le mélanome… Et bien plus inquiétant, il semble que cette exposition pourrait bien avoir des répercussions sur tous nos organes comme le montre une récente étude japonaise.

Un stress de la peau très profond

La peau n’est pas qu’une simple couche qui protège l’organisme de l’extérieur. Il s’agit d’une interface entre le monde extérieur et les organes. Elle permet de réguler la température par la transpiration, de bloquer les pathogènes et de soutenir l’ensemble de notre corps.

La peau est composée de différentes couches de kératinocytes qui constituent l’épiderme ainsi que d’autres couches de fibroblastes, de cellules endothéliales, de petits vaisseaux sanguins qui constituent le derme et l’hypoderme. Mais ce tissu contient également des adipocytes : des cellules qui stockent les lipides (les graisses) du corps humain et qui s’organisent en ce que l’on appelle le tissu adipeux. Il existe des tissus adipeux viscéraux au contact des organes et un tissu adipeux sous cutané directement sous la peau. Et ce sont justement ces adipocytes qui semblent répondre au stress des ultraviolets.

La structure de la peau

 

Les ultraviolets déclenchent une inflammation générale…

Les chercheurs ont emmené leurs souris en vacance au soleil (une fois n’est pas coutume) et les ont soumises à différentes doses d’ultraviolets pour simuler des expositions plus ou moins prolongées au soleil (car même en vacance ils font des expériences !). Leurs résultats montrent qu’au sein de la peau, plusieurs gènes semblent plus exprimés suite à ce stress.

Un gène en particulier est sorti du lot: le gène CGRP. Ce gène code pour une protéine associée à la calcitonine, une hormone de l’hypothalamus, l’une des glandes essentielles du cerveau qui régule de nombreux métabolismes de l’organisme tels que la température interne ou la dégradation osseuse. Cette augmentation d’expression de la CGRP au sein de la peau et de l’hypothalamus semble également entraîner une production de molécules inflammatoires par le foie et les ovaires: l’interleukine 6 (IL-6) et la protéine chemoattractante monocytaire (MCP-1). Le soleil induirait donc aussi le stress du foie et des ovaires !

L’inflammation, ça brûle!
…qui affecte le tissu adipeux…

Les taux élevés d’IL-6 retrouvés chez les souris exposées aux ultraviolets semblent également induire la production d’une famille de protéines: les apolipoprotéines. Ces protéines sont impliquées dans la régulation des adipocytes. En effet, chez les personnes obèses, le taux d’apolipoprotéines est diminué tandis qu’à l’inverse, lors d’une perte de poids importante, le taux de ces protéines est augmenté et semble lié à la diminution du poids de tissus adipeux.

Ici, chez les souris exposées aux ultraviolets, les chercheurs ont montré que le taux de ces apolipoprotéines est diminué. Ces protéines jouent un rôle majeur dans la réponse à l’insuline du tissu adipeux. Leur diminution entraîne un plus grand stockage des lipides au sein des adipocytes.

…et pourrait favoriser l’obésité

Ces dérégulations suggèrent que plusieurs organes, dont le foie et les ovaires, envoient des messages de stress aux tissus adipeux et notamment au tissu adipeux sous-cutané. Ces modifications pourraient alors favoriser le stockage des lipides au sein de ce tissu. Le stockage permet à court terme de réduire l’inflammation locale liée aux ultraviolets en augmentant la résistance de la peau. Cependant, à long terme, ces modifications pourraient favoriser l’obésité et l’inflammation générale pourrait favoriser d’autres pathologies toutes aussi graves.

Un maître mot donc pour cet été : une peau protégée permet de garantir une bonne santé !

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